"La vraie vie" d'Adeline Dieudonné



"La vraie vie" d'Adeline Dieudonné patientait depuis longtemps dans ma PAL ; non que je n'avais pas envie de le lire, plutôt parce que je sentais qu'il allait me bouleverser. 

Il faut dire que je lis toujours la première phrase d'un livre - car je trouve qu'elle en donne souvent le ton - et le récit d’Adeline Dieudonné débute ainsi : "A la maison, il y avait quatre chambres. La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents, et celle des cadavres." Il ne m’en fallait pas plus pour comprendre que ce roman qui oscille entre poésie et cauchemar, entre réalisme et conte, serait de ceux qui ne laissent pas indifférent. 

Adeline Dieudonné a choisi, pour son premier écrit, de traiter un sujet délicat, celui de la violence familiale, à la fois physique et psychologique, relatant l'emprise, la terreur et l'horreur avec beaucoup de justesse, sans tomber dans le pathos.

Le récit débute tranquillement, permettant ainsi au lecteur de découvrir et de s’attarder sur les personnages, voire de s'y attacher - à certains en tout cas - avant de sombrer dans une ambiance glauque, malsaine. Il relate la survie d'une fillette plongée dans un véritable enfer familial, grâce à son amour pour son frère, à son intérêt pour les sciences et à son imagination débordante - qui fait que ce roman initiatique frôle souvent le "fantastique".

L'écriture d'Adeline Dieudonné retranscrit bien la naïveté de l'enfance, mais sans être mièvre. La voix de la narratrice est pleine de fraîcheur et de brutalité en même temps. Les mots sont visuels et percutants, parfois choquants. On sent la violence et la tension monter cran par cran, et cela donne envie de fuir. J'ai plusieurs fois dû poser ce livre en cours de lecture. Et pourtant, cette histoire prend le lecteur aux tripes, sans le lâcher, même une fois terminée.

Bref, c'est un roman qui m'a bouleversée parce qu'il s’intéresse à la part obscure de l'âme humaine mais aussi (surtout ?) à l'immense force intérieure qu'il faut pour résister ; c'est un roman noir et dérangeant où l'espoir, même ténu parfois, reste toutefois toujours présent. Je ne suis pas passée loin du coup de cœur...

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

"Là où le bonheur s'est envolé" de Lisa Jewell

"Solal ou la chute des corps" de Louis Vendel

Sélection - Jury Prix des Lecteurs - Livre de Poche - 2024