"Les Alchimies" de Sarah Chiche


Je ne connaissais pas Sarah Chiche quand j'ai lu, dans le cadre du jury du Prix du Roman Fnac auquel j'ai participé cette année, le retour de certains jurés ayant recu "Les Alchimies". Les avis très positifs m'ont vraiment donné envie de le lire. Et, en le feuilletant à la bibliothèque, les premières pages - qui évoquent un mail mystérieux et des secrets, et où l'auteure encourage le lecteur à «s'armer de sa propre part de ténèbres» pour le lire - ont attisé ma curiosité ; d'autant plus que la quatrième de couverture parle du peintre Goya et de la disparition de son crâne...

"En 2022, en pleine crise de l’hôpital, Camille Cambon, médecin légiste vaillante et brillante, reçoit un mail énigmatique. Il y est question du peintre Goya et de son crâne volé après son inhumation à Bordeaux en 1828, et dont on a depuis perdu la trace... Les parents de Camille et son parrain, neurologue, se sont passionnés pour l’oeuvre de Goya, avant de devenir des scientifiques de renommée internationale. Camille part rencontrer à Bordeaux sa mystérieuse correspondante, une ancienne directrice de théâtre qui a bien connu ces trois-là..."

Ce roman est composé de deux parties :  le Livre I, «Les désastres de la guerre», et le Livre II, «Le songe de la raison», nommés ainsi en référence aux œuvres de Goya.

La première partie est consacrée au quotidien de Camille, médecin légiste de 48 ans. C’est elle qui en est la narratrice et nous la suivons dans ses réflexions et questionnements, dans sa vie qui, sous une apparente tranquillité, cache en réalité des fissures. Le ton est très juste et teinté d'un certain humour.

C'est dans la seconde partie que les questions de Camille vont trouver certaines réponses. Elle passe en effet le relais de la narration à Jeanne, l'expéditrice du mail énigmatique, actrice et propriétaire d'un théâtre à Bordeaux qui a très bien connu ses parents et son parrain. Je n’en dévoilerai pas plus pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte.

J’ai beaucoup aimé l’écriture de Sarah Chiche, fluide et agréable, et j’ai pris du plaisir à cette lecture. 

J'ai aimé passer de la vie de Camille à Paris en 2022 aux années 1960 à Bordeaux, avec en toile de fond un voyage au début du 19ème siècle pour côtoyer Goya. Néanmoins, je me suis un peu perdue dans l’histoire par moments. Ce cheminement vers Goya et son œuvre, entremêlé d’une quête scientifique et philosophique, est intéressant mais ne m'a pas enthousiasmée autant que certains avis me le laissaient penser.

Je me suis attachée aux personnages, et notamment à Camille, et j'ai apprécié toute la réflexion sur ce qui nous constitue et nous transforme, et sur les pouvoirs de l'art. 

Et, même si je n'ai pas la certitude d'avoir cerné toutes les intentions de Sarah Chiche, j'ai trouvé ce livre intriguant, avec cette énigme et les différentes hypothèses proposées par l'auteure. J'ai aussi beaucoup aimé l'ambiance sombre engendrée par l’évocation de la vie et de l’oeuvre de Goya. 

Bref, c’est un beau roman, sur le génie et sur l'amour au sens large, un des romans de la rentrée littéraire que je ne regrette pas d'avoir lu.

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