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Affichage des articles du octobre, 2023

"La fille de la supérette" de Sayaka Murata

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En quête d’un peu de légèreté, j'ai suivi les conseils de ma maman et me suis laissée tenter par "La fille de la supérette" de Sayaka Murata. Ce roman assez court est plus profond que je ne l'imaginais. L'auteure nous y propose un sujet passionnant d'un point de vue sociologique : l'anticonformisme dans la société japonaise (où la normalité prime particulièrement sur l'individualisme), et le poids qu'a la société sur nos comportements et même notre personnalité.  Ce livre m'a beaucoup apporté au niveau de la connaissance de la société japonaise. Je me rendais bien compte qu'elle était rigide au niveau de l'éducation, de l'organisation et de la moralité. Mais je ne mesurais pas la pression à laquelle sont soumis les hommes et les femmes là-bas ; ceux-ci devant à tout prix faire carrière et ces dernières devant être avant tout des épouses et des mères parfaites. J’ai beaucoup apprécié le personnage de Keiko. Ses péripéties enfant m...

"Ariane" de Myriam Leroy

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Ariane, de Myriam Leroy, c'est l'histoire d'une amitié fusionnelle entre deux adolescentes dans les années 1990. On comprend très vite que cette relation est extrêmement toxique, et on sait d'emblée qu'elle va mal se terminer puisque l'auteure annonce la mort d'Ariane dès les premières pages.  Ce roman m'a beaucoup plu.  Il m'a rappelé mon adolescence, dans les années 1990,  tout d'abord, grâce aux nombreuses références qu'il contient - par exemple : les séries "Beverly Hills" et "Hartley coeurs à vif", ou les jeans Levis, les Doc Martens,... ; mais aussi parce que Myriam Leroy dépeint à merveille le ressenti de cet âge, les changements physiques et émotionnels qu'il engendre, les heures passées au téléphone, les premiers flirts,... J'ai aimé le style efficace et imagé de l'auteure, son langage cru et direct qui correspond parfaitement aux ados, son choix d'écrire à la première personne, sa description de s...

"Guide des égarés" de Jean d’Ormesson

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J'ai découvert Jean d'Ormesson grâce à l'émission "La Grande Librairie". C'était un homme aussi charmant que charmeur, qui m'impressionnait par son intelligence, son enthousiasme communicatif, sa passion de la lecture et son sens de la formule. Dans ce "Guide des égarés", comme le présente le résumé en quatrième de couverture, l'auteur se propose principalement d'essayer de répondre à une question qui taraude certains d'entre nous : "Nous ne savons ni pourquoi nous sommes nés ni ce que nous devenons après la mort. Nous sommes tous des égarés. C’est à la question : «Qu’est-ce que je fais là ?» que s’efforce de répondre ce petit manuel de poche qui n’a d’autre ambition que de décrire avec audace, avec naïveté, avec gaieté ce monde peu vraisemblable où nous avons été jetés malgré nous et de fournir vaille que vaille quelques brèves indications sur les moyens d’en tirer à la fois un peu de plaisir et, s’il se peut, de hauteur." ...

"Thelma" de Caroline Bouffault

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J’ai reçu ce premier roman de Caroline Bouffault dans le cadre de l'opération Masse Critique Littératures de Babelio. Et ce fut une magnifique découverte ! Je l'ai lu presque d'une traite, en une journée, et il m'a emportée toute entière dans l'univers de Thelma, cette jeune héroïne si attachante. Pourtant, le sujet abordé par l'auteure est assez grave. Elle a en effet choisi d'évoquer l'anorexie, du point de vue de la jeune fille qui en souffre, comme le montre le résumé en quatrième de couverture : "Certains ont des amis imaginaires ; d'autres, des tyrans intérieurs. Celui de Thelma s'appelle « L’Entraîneur ». Il règne sur son quotidien, lui enjoint de compter les calories et lui impose une discipline de fer..." Je trouve que Caroline Bouffault a l'art de traiter ce thème délicat d'une façon solaire, pleine de vie, sans tomber dans le "misérabilisme", ni la pitié. Elle aborde l’anorexie avec beaucoup de justesse, san...

"Ils sont chez nous" de Lisa Jewell

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Après "On se reverra" que j'avais beaucoup aimé, voici un autre roman de Lisa Jewell. Avec "Ils sont chez nous", on est toujours face à un thriller psychologique, comme le laisse immédiatement entrevoir le résumé : "Trois cadavres et un bébé abandonné : c'est la macabre découverte que fait la police dans une belle demeure de Chelsea. Faute de preuves, on privilégie la piste d'un suicide collectif et l'affaire est classée.(...) Le jour de ses vingt-cinq ans, Libby hérite de la maison où elle a été retrouvée bébé. Bien décidée à percer le mystère de ses origines, la jeune femme mène l'enquête au 16 Cheyne Walk. Mais est-elle prête à découvrir l'effroyable secret qu'on lui cache depuis sa naissance ? Elle ignore encore que quelqu'un, quelque part, donnerait cher pour la retrouver..." Ici aussi, l'auteure a choisi de mêler passé et présent. De plus, elle a découpé son histoire de manière à utiliser plusieurs narrateurs et à ...

Deux innocents d'Alice Ferney

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J'étais très enthousiaste, vu mes précédentes lectures d’Alice Ferney, et je n'ai pas été déçue, même si je n'ai pas apprécié "Deux innocents" autant que "Les autres", relu récemment. Comme son titre l'indique, Alice Ferney évoque le thème de l’innocence dans cette histoire bouleversante. Elle y décrit avec beaucoup de finesse l'engrenage impitoyable qui va broyer une femme naïve, Claire, convaincue des bienfaits de la bonté, et y illustre à quel point la machine judiciaire se montre implacable parfois. Elle invite le lecteur à réfléchir à ce qu'est exactement l'innocence et à se poser de nombreuses questions sur l’éducation, et en particulier l'enseignement spécialisé.  Elle décrit avec finesse tous ses personnages, et notamment les "deux innocents", Gabriel et Claire, dont les sentiments sont minutieusement analysés, sans jamais tomber dans le pathos. Elle a choisit d'écrire cet ouvrage à la troisième personne du singu...